Le gonflage vent de travers

Que se passe-t-il lorsqu'on gonfle en direction de la pente et que le vent n'est pas rigoureusement de face?


Voici la voile telle qu'elle sera vue par le vent...


Les deux 1/2 ailes voient le même vent, mais compte tenu de l'arche inverse du parapente, la 1/2 aile droite (tricotvert) produit une sustentation plus grande que la gauche.


Ce qui a pour effet de faire pencher la voile sur sa gauche.


La 1/2 aile droite, plus fortement chargée, va aussi tendre à voler plus vite ce qui en plus du roulis va engendrer une rotation en lacet sur sa gauche.

S'il n'y a aucun contrôle, la voile finira verrouillée au sol  sur la gauche du pilote, comme on peut le voir Ex1.

En vol, les parapentes ne sont stables, en dépit de leur formidable dièdre inverse, que grâce à la stabilité pendulaire, aucun avion ne pourrait voler avec une aile rigide en forme de parapente.

Au gonflage, l'effet pendulaire ne se produit pas car le pilote ne rentre pas dans le sol.

Alors que faire?

Le bon sens suggère d'orienter la voile rigoureusement face au vent, donc de la gonfler avec un angle par rapport à la trajectoire de décollage (pente).


Puis d'initier la course d'élan en contrôlant avec le frein droit le lacet qui permettra à la voile  d'être tout le temps rigoureusement en face du vent relatif (dont la partie due à la course d'élan va augmenter continûment).

C'est relativement facile à faire lorsque le vent est suffisamment fort et qu'on est à pieds donc mobile latéralement.

D'ailleurs en été à peu près tout le monde pratique cette méthode.

Mais lorsque le vent est faible et que la trajectoire rectiligne est préalablement fixée (en libre à skis ou au paramoteur) ce n'est pas aussi évident.

Une fois que le vent relatif a augmenté à cause de la composante due à l'élan la voile (vue de dos sous le nouveau vent relatif) a cette forme.

A cause de la composition des vecteurs vitesse, tout se passe comme si le vent se réorientait suivant la direction la pente, lorsque la composante due à la course d'élan augmente.


Ce qui explique parfaitement la fermeture observée dans l'Ex2 où le vent venait de la droite.

Intuitivement, on voit bien qu'il appuie sur l'intrados de la 1/2 aile gauche et sur l'extrados de la 1/2 aile droite qui ne demande qu'à se replier.

D'où la disposition de la voile couramment pratiquée pour décoller en paramoteur sur un chemin (qui n'est jamais face au vent).


On profite ainsi judicieusement de l'instabilité de la voile lors du gonflage pour qu'elle viennent toute seule prendre la bonne direction.
 
Dans le cas du paramoteur, dans les les schémas la direction de la "pente" représente évidemment la trajectoire de décollage

Longtemps après avoir écrit cet article, lors d'un décollage en paramoteur, je me suis retrouvé exactement dans les conditions décrites en haut de la page qui expliquent la déviation sur la gauche par rapport à la direction initiale.






Évidemment dans la pratique ce n'est pas si facile mais avec un peu de délicatesse dans les contrôles, c'est toujours plus rassurant d'avoir une théorie robuste que de se lancer et de voir ce qui va se passer.


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